"

Accueil / Je cherche des solutions / Alcool / Mon combat contre l’alcool, 10 ans de souffrance et de résilience

Mon combat contre l’alcool, 10 ans de souffrance et de résilience

portrait de angélique ancienne alcoolique

Pendant dix ans, Angélique, créatrice de la chaîne Youtube « Ivre de vie » a été sous l’emprise de l’alcool. Issue d’une famille où la consommation était banalisée, elle a commencé à boire dès l’adolescence. Aujourd’hui, après un long combat, elle partage son témoignage pour montrer qu’il est possible de s’en sortir et de retrouver une vie épanouie.

« Chez moi, l’alcool était une boisson comme une autre »

Je suis née dans une famille où on buvait beaucoup. Dès mon plus jeune âge, j’ai baigné dans une culture où la consommation d’alcool était banalisée. Contrairement à d’autres familles qui informent leurs enfants des dangers de l’alcool, à la maison, c’était une boisson comme une autre, synonyme de fête et de convivialité. Je me souviens avoir pensé très tôt : « les adultes boivent, donc moi aussi je boirai plus tard ». L’alcool ne représentait rien de négatif à mes yeux. C’était une boisson ordinaire, comme un soda ou un jus de fruits.

J’ai bu mes premiers verres d’alcool à une fête de famille

Ma première expérience avec l’alcool a eu lieu lors d’une fête de famille. J’avais environ 14 ans. Un membre de ma famille m’a servi des verres de rosé, sans doute souhaitait-il m’initier au vin. J’ai fini par vomir dans les toilettes, mais cela ne m’a pas dégoûtée. Au contraire, j’avais envie de me sentir grande et j’étais attirée par cette sensation de liberté ! J’étais donc contente qu’on me serve de l’alcool. J’étais aussi une adolescente solitaire, avec des parents stricts qui me laissaient rarement sortir. Par la suite, quand ils n’étaient pas là, je me servais dans leur réserve d’alcool. Boire, était ma façon d’atténuer mon mal-être, de m’anesthésier et de tester mes limites.

J’ai été agressée sexuellement car j’étais trop ivre pour dire « Non »

Les soirées entre amis sont arrivées plus tard, au lycée, lorsque mes parents ont commencé à me laisser plus de liberté. Je buvais beaucoup, jusqu’à être complètement ivre. Cela m’a valu de nombreux désagréments. À cette époque, le consentement n’était pas un sujet de discussion. J’ai été agressée sexuellement alors que j’étais inconsciente. Les garçons devaient penser que j’étais d’accord, mais en réalité, j’étais trop ivre pour être en capacité de donner mon avis et dire non. Je n’ai jamais porté plainte, car ces agresseurs étaient des personnes proches. Je me disais qu’il y avait peut-être eu un malentendu, mais au fond, je savais que je n’avais jamais dit oui.

Mon comportement sous l’emprise de l’alcool était souvent pathétique

Les blackouts étaient fréquents. Je rentrais chez moi sans me souvenir de ce qui s’était passé. La honte et la culpabilité me rongeaient le lendemain. Mon comportement sous l’emprise de l’alcool était souvent pathétique, et j’avais honte de moi-même. Mon unique amie, sensibilisée aux dangers de l’alcool par ses parents, s’est éloignée de moi. Je traînais avec des gens qui n’étaient pas forcément mes amis et qui ne prenaient pas soin de moi.

J’ai raté mes études à cause de l’alcool

À l’adolescence, j’étais déjà fortement dépendante, mais c’est quand je suis devenue étudiante que je suis vraiment devenue alcoolique. J’ai quitté le domicile familial, très remontée contre mes parents que je n’ai plus vus pendant des années. La liberté tant attendue s’est transformée en un cauchemar. Dès mon emménagement à la cité U, j’ai acheté de l’alcool pour boire toute seule. Étais-je déjà dépendante à ce moment-là ? Je ne sais pas. Mais une chose est sûre :  je ne pouvais déjà plus imaginer un moment sans alcool.  J’étais avec un groupe d’amis qui buvaient beaucoup. Ma consommation est devenue quasi quotidienne. Mes études en comptabilité en ont pâti. Je n’ai même pas passé l’examen de fin d’année parce que j’avais la gueule de bois. 

J’étais devenue violente

Ma relation amoureuse de l’époque était toxique. Nous étions violents l’un envers l’autre, incapables de régler nos conflits de manière saine. Je me battais aussi dans la rue, provoquant des altercations et rentrant souvent avec des bleus. L’alcool faisait ressortir le pire en moi-même, mais je ne faisais pas le lien entre les deux. Je croyais que c’était ma faute, que c’était simplement ma nature. A cette époque, un seul verre suffisait pour que je ne puisse plus m’arrêter. Je pouvais boire sans limite. L’addiction était clairement installée. 

La psychologie, une bouée de sauvetage

J’ai changé de voie pour faire des études de psycho et ça m’a sauvé.  Quand on fait pyscho, on est obligé de suivre une thérapie. C’est là que j’ai commencé à y voir plus clair et à avoir envie d’une vie plus saine. Petit à petit, j’ai compris que l’alcool était la source de tous mes problèmes. J’ai d’abord tenté de diminuer ma consommation, mais sans succès. J’ai essayé diverses stratégies : acheter moins d’alcool, me donner des récompenses pour ne pas boire, mais rien ne fonctionnait sur le long terme.

J’ai compris que je devais arrêter complètement l’alcool pour m’en sortir.

J’ai quitté de mes amis toxiques et je suis retournée vivre chez mes parents, pensant que ce départ réglerait tout. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. J’ai repris mes habitudes d’ado. Je buvais seule, parfois plus qu’avant. Mes parents ne disaient rien, et buvaient même avec moi. Je ne comprenais pas pourquoi je continuais à boire alors que j’avais changé d’environnement. J’ai décidé de me plonger dans les études scientifiques pour comprendre ce qui se passait dans mon cerveau. C’est là que j’ai compris que je devais arrêter complètement l’alcool pour m’en sortir. 

Deux ans de combat pour arrêter l’alcool

L’arrêt a été brutal et difficile. J’ai fait une dépression, dormi énormément, et tous les souvenirs douloureux sont remontés à la surface. Mais j’ai tenu bon. Je n’ai pas fait de cure, mais je me suis isolée. Mes parents habitant à la campagne, le contact avec la nature m’a fait un bien fou. J’ai appris à m’apaiser sans boire de l’alcool, à trouver du plaisir dans d’autres activités. Deux ans après avoir arrêté, j’ai ressenti du plaisir pour la première fois en faisant de la luge en montagne.

Une nouvelle vie, sobre et épanouie

Aujourd’hui, je suis sobre. J’ai obtenu une certification de patient expert et je vis dans le sud de la France avec mon copain, qui m’apporte sécurité et amour. Je me remets doucement de ces dix années de souffrance. Mon combat contre l’alcool a été long et douloureux, mais il m’a appris à me connaître et à prendre soin de moi. 

 

Angélique a créée une chaîne Yoube Ivre de vie dans laquelle, elle témoigne de son expérience, mais surtout donne de précieux conseils qui pourront t’aider à ralentir ou arrêter si tu le souhaites. 

Pour trouver les bons contacts pour te faire aider et réduire ta consommation, consulte notre rubrique Contact 

 

© CIDJ – Valérie François, 2025

Vous aimerez aussi

Besoin d'en parler, de te faire aider ?