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Dépendance : pourquoi participer à un groupe de soutien ?

Groupe de jeunes se tenant la main en cerclant avec un psychologue

Il n’est pas simple de parler de son addiction à sa famille ou ses amis. Tu te sens incompris ? Tu ne souhaites pas recevoir de leçon ? Pourquoi n’essaierais-tu pas d’intégrer un groupe de parole ? Discuter avec des personnes qui ont vécu la même chose que toi et t’écouteront sans te juger pourrait te faire du bien.

 

« Bonjour, je m’appelle X et je suis alcoolique ». Non, tu n’es pas dans une série américaine mais à une réunion des Alcooliques Anonymes (AA) quelque part en France. On t’entend déjà penser : « Ah oui, cet endroit où se retrouvent les vieux alcoolos pour parler de leurs problèmes ! Mais quel rapport avec moi ? ». C’est aussi ce que pensait Baptiste Mulliez, patient expert en addictologie, avant d’accepter de se rendre pour la première fois aux AA.

 « J’avais conscience que je ne savais pas me contrôler et que l’alcool avait des impacts négatifs dans ma vie. Mais j’étais jeune et je ne pouvais pas accepter cette étiquette d’alcoolique. Pour moi, ça n’était pas pour les jeunes. C’était pour les vieux cons mais pas pour moi ! ». Il finira au bout de quelques mois par pousser la porte de l’association pour faire plaisir à sa mère, puis par nécessité.

« J’y suis allé en ayant peur de ne pas trouver ma place. En réalité, ils m’ont sauvé la vie », finit-il par lâcher.

 

Groupes de parole : des personnes qui vivent la même chose que toi et ne te jugent pas

Sabrina, dépendante aux jeux d’argent et de hasard, a aussi sauté le pas. « En complément de mon suivi psychologique, j’ai décidé de participer au groupe de parole de l’association SOS joueurs. C’est rassurant car on sait qu’on ne va pas être jugé. Le groupe permet d’être avec des personnes qui vous donnent de l’inspiration, de la motivation. Je me reconnais dans tout ce qu’ils disent et eux dans tout ce que je dis. Les réunions ont lieu toutes les semaines et c’est un réel soutien. Ces rendez-vous sont importants. Même en cas de rechute, ils sont là pour nous soutenir et essayer de nous comprendre », ajoute-t-elle.

Lire le témoignage complet de Sabrina

 

Comment se déroulent les réunions de groupes de soutien, animées par des bénévoles ?

Quelle que soit la dépendance, des groupes de soutien sur le modèle des Alcooliques Anonymes ont vu le jour un peu partout en France. Tu peux rejoindre ou quitter le groupe quand tu le veux. Ces réunions qui durent 1h30 sont animées par des personnes bénévoles, elles-mêmes dépendantes et abstinentes. Le modérateur choisit un thème et fait l’introduction. Chacun lève la main et peut parler s’il le souhaite. « On peut raconter des choses en rapport avec le thème. Mais c’est sans obligation. La première fois, je suis resté au fond, un peu caché. Je n’ai rien dit. À la deuxième réunion, on nous a demandé s’il y avait des nouveaux. J’ai levé la main et j’ai commencé à parler. Ce qui m’a aidé c’était de rencontrer des gens qui vivaient la même chose que moi. J’ai pu prendre la mesure des excès de ma consommation. J’ai retrouvé l’espoir de m’en sortir. Si eux y arrivaient alors pourquoi pas moi ? Une sorte d’énergie émanait d’eux et je la recevais. En sortant de ces réunions, je me sentais prêt à aborder les jours qui allaient suivre », explique Baptiste Mulliez.

 

Dans les centres hospitaliers, des groupes de parole animés par des psychologues

De nombreux centres hospitaliers proposent également des groupes de parole. Ainsi, Julie Caillon, psychologue au sein du service addictologie du CHU de Nantes a mis en place des groupes thérapeutiques pour les joueurs. « On travaille avec nos patients pendant une dizaine de séances. Cela va leur permettre de reconnaître chez d’autres leur propre pratique, de créer du soutien, d’en parler et donc de sortir de l’isolement. Dans nos groupes, chacun explique où il en est de sa pratique, quels sont ses objectifs par rapport aux jeux, quels moyens il se donne pour les atteindre. Nous travaillons autour de leurs fausses croyances sur le jeu et nous les aidons à mettre en place des stratégies pour ne pas rechuter. Nous faisons également des jeux de rôle pour apprendre à faire face à certaines situations… »

 

Participer à des groupes de parole sur les réseaux sociaux ou à des forums de discussion

Tu ne te sens pas en capacité d’aller dans des groupes de parole pour le moment mais tu sens que tu as besoin de soutien ? De nombreux groupes d’entraide se créent sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook. Tu peux aussi poser toutes tes questions sur des forums de discussion mis à disposition sur alcool-info-service, drogues-info-service, SOS joueurs. Quel que soit ton problème de consommation, tu y trouveras une écoute attentive et quelqu’un pour répondre à tes questions, t’encourager ou te soutenir en cas de coup de mou. Et tu peux aussi ne rien dire, lire les messages et t’en inspirer.

 

Peu importe le choix de suivi, l’important est de trouver le moyen qui t’aide le mieux à te soigner

« Aujourd’hui, cela va mieux. Je continue à participer à un groupe de parole car je sais que je peux replongerà tout moment. C’est un peu comme une maladie qui demande un traitement à vie ! Même si je suis abstinente, j’ai encore parfois des envies et certains jours sont difficiles. Il ne faut pas oublier ce qu’on a vécu, c’est un bon rappel de situations qu’on ne veut plus vivre. On rencontre souvent des nouveaux dans le groupe de parole et lorsqu’on entend leur détresse ou lorsque l’on voit des gens rechuter après plusieurs années, c’est une vraie piqûre de rappel », conclut Sabrina.

Baptiste, quant à lui, a arrêté les AA au bout de 3 ans. « Ensuite, j’ai eu besoin d’autre chose et j’ai essayé des groupes de parole animés par des médecins dans des structures hospitalières. Cela m’a aussi fait du bien. Peu importe le choix de suivi que l’on fait. Ce qui est important, c’est de trouver la forme de soutien ou d’accompagnement qui t’aide à avancer. Ce que tu trouves nul un jour te conviendra peut-être plus tard car tu seras différent, tu auras évolué. », assure-t-il.

 

Des groupes d’entraide existent aussi pour l’entourage

Tu as de la famille ou des amis qui souffrent d’une addiction et tu ne sais pas quoi faire ? Il existe aussi des groupes d’entraide pour l’entourage comme les groupes Entourage d’Entraid’addict. L’association Al-Anon/Alateen propose également des groupes de soutien pour les adultes (Al-Anon) et pour les adolescents dont les parents sont alcoolo-dépendants (Alateen). Si tu es proche d’un consommateur de drogue, tu peux contacter Nar-Anon.

 

Où trouver un groupe de soutien ?

En France, il existe plusieurs associations d’entraide pour les personnes dépendantes à l’alcool. Tu trouveras les lieux et horaires des réunions sur leur site Internet.

Si tu es dépendant à la drogue, tu peux te tourner vers les Narcotiques anonymes.

Si tu es dépendant aux jeux d’argent et de hasard, tu peux aller aux réunions de joueurs anonymes ou SOS joueurs.

Renseigne-toi aussi auprès de ta mairie ou d’un centre de jeunes consommateurs. Ils pourront certainement te donner des contacts d’associations locales.

Tu peux également rejoindre sur Instagram la communauté de Baptiste Mulliez
Tu peux aussi aller sur des groupes Facebook tels que Addiction en tout genre, Stop addictions, La vie sans alcool.

 

© CIDJ, Valérie François 2023

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