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Pendant la grossesse : c’est zéro alcool !

Une envie de grossesse ? Un bébé en route ? Tu as décidé d’arrêter de fumer comme te l’a conseillé ton médecin. Mais qu’en est-il de l’alcool ? Pas facile de résister pendant une fête ou lors un repas entre potes. Et puis, un petit verre de temps en temps, est-ce que ça change vraiment quelque chose ? On a posé la question au docteur Bérénice Doray, doyenne de l’UFR Santé de la Réunion et directrice du Centre Ressources TSAF (troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale).

 

Bonjour docteur Doray, vous prônez zéro alcool pendant la grossesse. Un verre de temps en temps peut-il vraiment avoir un impact sur la santé du fœtus ?

À chaque fois qu’une femme enceinte consomme de l’alcool, elle prend un risque. Bien sûr, plus elle consomme, plus le risque est important pour la santé du bébé. C’est pour cela que notre message est simple : pendant la grossesse, c’est zéro alcool.

 

Tous les alcools sont concernés ?

Que l’on boive un verre de cidre, de vin ou de rhum, l’alcool qu’il contient va passer dans le sang de la mère, et donc dans celui du bébé. Toutes les boissons alcoolisées sont potentiellement dangereuses pour le fœtus. Lorsqu’un adulte boit, il peut avoir la tête qui tourne, tituber… imaginez alors l’effet sur un cerveau de bébé !

 

Comment l’alcool arrive-t-il jusqu’au bébé ?

Lorsqu’une femme est enceinte, elle a un organe en plus : le placenta. Ce placenta se construit en début de grossesse et ne filtre pas l’alcool. Ce dernier va donc passer par le cordon ombilical puis arriver chez l’embryon. Si la mère à 2 grammes d’alcool dans le sang, le bébé aura aussi ces 2 grammes. Et contrairement à la mère qui va facilement évacuer cet alcool, lui va le garder plus longtemps.

 

Quels sont les risques pour le bébé ?

Lors des 3 premiers mois de grossesse, l’embryon fabrique ses organes. Ce sont les gènes qui vont permettre de construire le cœur, les bras, le cerveau du bébé… Les gènes fonctionnent comme des interrupteurs qui s’allument et s’éteignent au fil du développement du fœtus. Supposons qu’au 30e jour un gène doive s’allumer pour fabriquer le rein. Si la mère a bu un verre d’alcool ce jour-là, l’interrupteur ne fonctionnera pas correctement et le bébé pourra avoir une malformation du rein. Si elle avait consommé au 29e ou 31e jour, le rein se serait développé normalement.

 

Il est donc plus dangereux de consommer en début de grossesse ?

Absolument ! Boire en début de grossesse c’est une grande prise de risque. Malheureusement cela arrive souvent. On peut ne pas savoir que l’on est enceinte le

premier mois et on continue à boire pendant cette période. Mais chaque femme et chaque situation sont uniques. Plusieurs facteurs entrent en jeu :

  • la quantité d’alcool ingérée. La mère ne prend pas le même risque en faisant un « binge drinking » (« alcoolisation ponctuelle importante ») qu’en prenant un verre de temps en temps. Le « binge drinking » est extrêmement dangereux pour le cerveau des bébés ;
  • le moment où l’alcool est ingéré, comme nous l’avons vu ;
  • les caractéristiques génétiques de la mère et du bébé. Selon les gènes de l’un et de l’autre, les effets peuvent être absents, modérés ou très importants. Et malheureusement, on ne peut pas le savoir à l’avance.

 

Concrètement, quelles sont les conséquences de l’alcool sur le bébé ?

Il y a deux formes principales de conséquences :

  • ·Si la maman boit de l’alcool en début de grossesse, lorsque le bébé fabrique ses organes, ceux-ci peuvent ne pas se développer normalement. II y aura alors des signes physiques. À la naissance, le bébé pourra avoir un petit poids et une petite taille, une morphologie du visage particulière et des malformations au niveau des organes. Mais il y aura aussi des effets neurologiques car le cerveau est en pleine construction. Il pourra alors présenter des difficultés d’apprentissage et de comportement. On parle du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Un enfant sur 1 000 a un SAF en France.
  • À partir du 4e mois, les organes sont formés. Il ne peut plus y avoir de signes physiques. En revanche, le cerveau continue de se développer. Si la mère boit pendant cette période, le bébé peut fabriquer moins de neurones et ceux qui seront fabriqués risquent de ne pas migrer au bon endroit. On parle alors de troubles neurodéveloppementaux liés à l’alcool (TNLA). Ils peuvent prendre la forme d’inadaptation scolaire et sociale. Ces troubles sont difficiles à détecter car chaque enfant a des difficultés différentes. Ils ne sont donc souvent pas pris ou mal pris en charge. Cela représente 1 enfant sur 100.

 

C’est donc sur les femmes que repose cette responsabilité ?

Non pas seulement ! Et c’est un message important que je veux faire passer. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) n’est pas qu’une histoire de femme. Il concerne aussi les hommes. Il a été prouvé scientifiquement que la consommation d’alcool des hommes a un impact sur leurs spermatozoïdes. Ils peuvent donc aussi être la cause de malformations cérébrales ou cardiaques chez le bébé.

Parmi mes patients, j’ai une petite fille souffrant de SAF dont la mère n’a pas bu une goutte d’alcool pendant la grossesse. C’est son mari qui buvait trop au moment de la conception du bébé. 2 ou 3 verres par jour suffisent ! Lorsque le couple décide de faire un enfant, les deux parents devraient donc arrêter de consommer de l’alcool.

 

En résumé :

Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) du bébé n’est pas qu’une histoire de femme. Les hommes prennent aussi des risques en consommant de l’alcool.

Un bébé se fait à deux. Le futur père comme la future mère doivent éviter de boire dès qu’un projet de bébé est en cours.

 

@ CIDJ Valérie François / 2022

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