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Alcool au travail : des risques élevés

Alcool au travail : des risques élevés

Tu es apprenti ou tu viens de décrocher ton premier emploi ? Si les pots ou déjeuners entre collègues peuvent être l’occasion de boire de l’alcool, attention, toutefois, à ne pas en abuser. Pour des raisons de sécurité, boire de l’alcool en entreprise peut même d’ailleurs être totalement interdit pour certains métiers. Quels sont les risques et que dit la loi sur l’alcool au travail ? On fait le point. 

Imaginons cette situation. Sur un chantier, à l’heure du déjeuner, Léo, apprenti de 19 ans boit une bière avec les ouvriers. Il se permet même de fumer un joint à la fin du repas. La pause terminée, il accompagne l’un de ses collègues afin de couper une canalisation dans un vide-sanitaire. L’esprit embrumé, Léo tend à son collègue une rallonge électrique défectueuse pour brancher une meuleuse. En toute confiance, celui-ci commence à tronçonner la canalisation mais l’eau qui s’écoule du mur provoque un court-circuit. Le collègue est électrisé et brûlé au 3e degré. Suite à ce dramatique accident, Léo sera licencié pour faute grave et prise de stupéfiants. Si cette histoire n’est heureusement qu’une fiction imaginée par les apprentis du CAP installateur thermique de Chambéry et soutenue par la fondation du BTP (fondation-btp.com). Il faut mieux éviter que la réalité ne rejoigne la fiction.

 

Certains milieux professionnels plus impactés que d’autres

Pots de départ, déjeuners trop arrosés, les raisons de boire au travail peuvent être multiples et fréquentes. Tous les métiers sont concernés. Certains secteurs sont toutefois plus exposés que d’autres, comme les métiers des arts du spectacle, de l’hôtellerie-restauration, de l’agriculture, du transport, de la construction et des relations publics.

Erwan Gramand, auteur du livre Un détour par l’enfer (éd. Lemart), buvait beaucoup lorsqu’il était étudiant mais ce sont ses débuts professionnels qui l’ont fait plonger dans l’alcoolisme.Retrouve le témoignage complet d’Erwan ici.

Je suis parti faire un stage aux Antilles pendant mes études. J’ai alors découvert le rhum. Je le buvais comme de l’eau, tout le temps ! Le plus souvent pur. Au bout de 6 mois, je suis rentré en France et j’ai commencé à travailler. Chaque midi, avec les collègues, nous buvions du vin ou du pastis. Raconte-t-il.

 

Accidents du travail liés à l’alcool ou à la drogue

Selon Santé publique France, 20 à 30 % des accidents du travail qui ont lieu chaque année en France sont dus à une consommation excessive d’alcool, de tabac, de drogues ou de médicaments psychotropes. L’alcool à lui seul est responsable de 10 à 20 % des accidents du travail et est impliqué dans 40 à 45 % des accidents mortels !

 

Zoom sur les actions de prévention auprès des apprentis du bâtiment

Le milieu du bâtiment a particulièrement pris conscience du problème. La fondation du BTP a ainsi créé une web série ludique intitulée « Premiers combats », pour alerter les jeunes sur les dangers de l’alcool et de la drogue.

De leur côté, les CFA se mobilisent également pour prévenir les comportements à risque de leurs jeunes apprentis. « Nous avons des métiers dangereux. Nos apprentis sont exposés à différents risques comme le travail en hauteur ou encore la présence d’engins de chantier. Ils peuvent aussi être amenés à travailler avec des charges lourdes, des objets tranchants comme des meuleuses qui peuvent provoquer des accidents. Ils doivent garder toutes leurs facultés pour travailler sans risque. Il est donc important de les alerter sur les dangers de la consommation de produits comme l’alcool ou le cannabis sur leur lieu de travail comme à l’école », explique Damien Brèche, responsable socio-éducatif du CFA du bâtiment de la Sarthe.

Dès le début du premier trimestre, Damien Brèche passe dans tous les groupes de 1re année de CAP et BP pour leur parler des dangers d’une consommation d’alcool ou de cannabis à l’école ou en entreprise. « Nous n’avons pas eu depuis de nombreuses années d’accidents graves sur le lieu de travail. Mais malheureusement, chaque année, un de nos apprentis décède d’un accident de la route parfois à cause de conduite addictive. C’est important de les mettre face à cette réalité », précise Damien Brèche.

 

Alcool au travail : quelles sont les règles ?

Depuis le 1er juillet 2014, les employeurs peuvent interdire la consommation de toute boisson alcoolisée sur le lieu de travail lorsque la santé ou la sécurité de ses salariés est en jeu. En cas de doute, il peut également, en respectant certaines règles, exiger de faire passer à un salarié un test d’alcoolémie et parfois même un dépistage de cannabis.

Le contrôle d’alcoolémie est autorisé si :

  • le but est de faire cesser une situation dangereuse pour le salarié ou ses collègues ;
  • le dépistage est prévu dans le règlement intérieur ou dans une note de service (les postes à risque concernés et les procédures doivent y être détaillés) ;
  • le salarié est informé des conditions de réalisation des contrôles ;
  • la présence d’un tiers, éventuellement un délégué du personnel, a été proposée au salarié ;
  • le salarié est informé de son droit de demander une contre-expertise. Elle doit être prévue à l’avance.

Pour faire passer à un salarié un test salivaire pour détecter le cannabis, il faut que :

  • le salarié occupe un poste à risque et/ou de sécurité recensé par l’employeur et inscrit dans le règlement intérieur ;
  • le salarié soit informé des conditions de réalisation des contrôles et des possibilités de recours.

Quelles peuvent être les sanctions ?
En cas d’ébriété d’un salarié, selon la situation, l’employeur peut donner un avertissement, mettre à pied ou, dans le cas le plus grave, procéder à un licenciement. S’il ne fait rien, sa responsabilité pénale peut être engagée pour non-assistance à personne en danger, imprudence caractérisée ou encore mise en danger de la vie d’autrui.

« Il y a une dizaine d’années, un jeune couvreur a été licencié d’une entreprise car il refusait de se faire soigner. Ce sont des métiers dangereux. L’entreprise ne peut pas prendre le risque d’un accident. De notre côté, au CFA, nous pratiquons la politique zéro alcool. Si un élève arrive au centre de formation en état d’ébriété, les parents sont prévenus ainsi que l’entreprise et, selon les situations, il y a des sanctions », conclut Damien Brèche.

Pour en savoir plus : consommation d’alcool sur le lieu de travail

 

@ CIDJ / Valérie François, 2022

Crédit photographique : Laura Tancredi @Pexels.

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