Des moqueries sur ton corps, des commentaires sur tes photos, des messages qui te blessent ? Le cyberharcèlement, c’est une réalité qui touche de plus en plus de jeunes, parfois dès le primaire.
« Ma fille a été victime de grossophobie sur les réseaux. Sur Tik Tok, Insta ou encore Snap, elle reçoit des commentaires sur son physique. Et ça la met très mal à l’aise. Cela provoque des crises de pleurs ou de colère, parce qu’elle se sent dénigrer. Pourtant, elle souhaite rester sur les réseaux car si elle n’y est pas, elle a l’impression de se couper de la société, de sa vie de lycéenne », raconte Eric, papa d’une ado de 15 ans. Ces mots, malheureusement, résument ce que vivent beaucoup d’ados aujourd’hui. Tu le vis peut-être toi aussi.
Le cyberharcèlement, c’est quoi exactement ?
C’est quand quelqu’un (ou un groupe) te vise de manière répétée avec des moqueries, insultes, humiliations, menaces, ou des rumeurs sur Internet. « Et ce n’est pas « juste pour rire » : le harcèlement est un délit. Samuel Comblez, psychologue et directeur des opérations à l’association e-Enfance le rappelle : « Personne n’a le droit de te manquer de respect, que ce soit en ligne ou hors ligne. »
Les filles plus souvent harcelées que les garçons
Le harcèlement, ça peut arriver à tout le monde. Mais les filles sont plus souvent visées. Sur les réseaux, on s’autorise à commenter leur corps, leurs vêtements ou leur façon d’être, de manière négative. Certaines sont critiquées juste parce qu’elles ne rentrent pas dans “le moule”. La pression sociale est très forte.
Même si c’est moins fréquent, les garçons aussi peuvent être touchés. Surtout quand on se moque de leur force, de leurs muscles ou de leur manière d’être un garçon. « Ce qui déclenche le harcèlement, c’est souvent la différence : avoir de bonnes notes, une autre religion, une orientation différente… », explique Samuel Comblez.
Un phénomène qui commence de plus en plus tôt
« Les victimes sont de plus en plus jeunes », souligne-t-il. Aujourd’hui, même des enfants de primaire contactent le 3018, la ligne nationale d’aide au cyberharcèlement. Pourquoi ? Parce que 67 %* d’entre eux sont déjà inscrits sur les réseaux sociaux. Et plus on y est présent, plus on est exposé.
« L’Éducation nationale encourage de plus en plus les élèves à parler, à avoir confiance dans la capacité des adultes à les écouter et à agir pour eux une fois leur parole libérée. Les choses avancent, et j’espère que dans les années à venir, les cas de harcèlement seront moins nombreux », souligne-t-il.
Que faire en cas d’harcèlement ?
Dès le premier message déplacé, il est important de réagir. Tu reçois une moquerie, une blague lourde ou un message humiliant ? Ne laisse pas passer. « On s’habitue trop aujourd’hui à ce que se moquer ou manquer de respect fasse partie des relations normales. Non, il ne faut pas l’accepter. »
Tu peux répondre calmement : « Ce que tu viens de dire n’est pas drôle, je ne l’accepte pas. »
Et si ça continue, bloque la personne.
Garde des preuves
Sache que la loi est de ton côté. Le harcèlement est un délit. Personne n’a le droit de te harceler tu as le droit d’être protégé. Avant de bloquer ou de signaler, fais des captures d’écran (messages, photos, vidéos…). Elles serviront à prouver ce que tu vis, que ce soit pour une plainte ou un signalement. Tu peux faire un signalement directement sur la plateforme (Instagram, TikTok, Snapchat, etc.) ou appeler le 3018.
3018 : ton allié en cas de cyberharcèlement
Le 3018 est un numéro gratuit et confidentiel, ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 23h.
Des professionnels t’écoutent, te conseillent, et peuvent même t’aider à faire supprimer des contenus en ligne. Et si tu ne veux pas appeler, tu peux passer par le chat sur l’appli 3018. L’appli 3018 (gratuite) permet d’envoyer les preuves et de discuter avec des écoutants qui t’aident à faire face à la situation.
Et si tu es témoin ?
Toi aussi, tu peux agir. « Il est assez facile d’aider la victime, en lui envoyant un message de soutien ou en s’assurant qu’elle va bien », explique Samuel Comblez. Et si tu te sens à l’aise, tu peux dire stop dans le groupe : « Ce que vous dites n’est pas cool, arrêtez. » Sinon, quitte la conversation. C’est déjà une manière de ne pas cautionner.
Rappelle-toi : la loi te protège
Même si ton harceleur pense être « planqué derrière un écran », il peut être retrouvé grâce à son adresse IP. Et oui, on peut être condamné pour cyberharcèlement. Le dépôt de plainte est possible, même si la procédure peut être longue. C’est déjà une façon de dire “stop” et de faire comprendre à ton agresseur que ce qu’il fait est grave.
En résumé
- Ne banalise jamais les moqueries ou humiliations.
- Garde des preuves en faisant des captures d’écrans.
- Signale et bloque les comptes.
- Appelle le 3018 ou parle à un adulte de confiance.
- Si tu es témoin, soutiens la victime.
*Etude e-enfance et Caisse d’Epargne sur le cyberharcèlement
© CIDJ Valérie François / 2025