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Consultation jeunes consommateurs : pourquoi y aller ?

Une spécialiste aide une patiente

Tu ressens des difficultés avec l’alcool, la drogue, les jeux d’argent ou toute autre substance addictive. Tu as besoin d’aide, mais tu ne sais pas trop par où commencer. Sais-tu qu’il existe des lieux gratuits et anonymes partout en France, où tu peux parler en toute confiance : les consultations jeunes consommateurs (CJC) sont là pour t’aider. Santé addiction a rencontré Thaïs Demanche, psychologue clinicienne et Fabienne Le Clec’h assistante sociale de la CJC de Boulogne-Billancourt. Elles t’expliquent à quoi t’attendre quand tu passes la porte d’une CJC.

A qui s’adressent les consultations jeunes consommateurs ?

Les CJC reçoivent les jeunes de 12 à 25 ans de manière gratuite et anonyme. Tous les jeunes qui se posent des questions sur leur consommation quel que soit le produit (alcool, tabac, cannabis, jeux d’argent, etc.) sont les bienvenus. Ils peuvent venir seuls ou accompagnés.

Quel est votre rôle ?

La CJC est un lieu où les jeunes peuvent s’exprimer librement et obtenir des informations sur les pratiques addictives. Nous sommes là pour discuter avec eux de leur consommation sans porter de jugement. Nous abordons avec eux les conséquences de ces substances sur leur santé, leur scolarité, leur vie sociale et familiale et nous les aidons s’ils le souhaitent à réduire ou à arrêter. Nous avons aussi une mission de prévention. Nous faisons des interventions dans les collèges, les lycées, les associations de jeunes comme les centres Info Jeunes, les centres éducatifs … pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la consommation de substances addictives.

Comment se rendre dans une consultation jeunes consommateurs ?

Les consultations se font uniquement sur rendez-vous. Ils peuvent téléphoner ou passer nous voir à l’accueil. Nous leur donnons rapidement un rendez-vous, généralement dans la semaine qui suit la demande.

Consulter les adresses des CJC

Affiche pour lutter contre les addictions

A quoi doivent-ils s’attendre lorsqu’ils arrivent pour un premier rendez-vous ?

Lors de leur premier rendez-vous, nous recevons à deux les jeunes. Nous sommes une assistante sociale et une psychologue spécialisées en addictologie.

Pendant 3 premières séances nous discutons avec eux pour évaluer leur situation. Qui les a orientés vers nous ? Quel type de produit consomment-ils ? Combien en consomment-ils par jour ? Dans quel contexte ? Que veulent-ils modifier dans leur pratique ? Si nécessaire nous les dirigeons vers la psychiatre du centre pour une évaluation sur le plan psychiatrique, un avis médical, ou un traitement.

Et si les jeunes ne veulent rien changer ?

Ils peuvent venir avec l’idée d’arrêter ou de réduire mais aussi de ne rien changer. Nous essayons alors de voir avec eux quelle sont les conséquences de leur consommation sur leur quotidien. Est-ce qu’elle a un impact dans leurs relations familiales ou amicales ? Est-ce qu’elle joue sur leur humeur, leur estime d’eux-mêmes ?  Est-ce qu’elle a des répercussions sur le travail ou sur les résultats scolaires. Une fois que nous avons ces informations, nous travaillons avec eux afin de réduire les risques de leur consommation sur leur vie. L’objectif est d’améliorer leur qualité de vie.

Que se passe-t-il après ces 3 séances ?

Les 3 premières séances permettent d’instaurer la confiance et d’apprendre à se connaître. Une fois cette alliance faite, nous pouvons commencer à travailler ensemble. Nous fixons avec le jeune des objectifs atteignables. En fonction des objectifs, il sera orienté vers la psychologue ou l’assistante sociale. Les objectifs peuvent être liés à leur consommation mais aussi des actions très concrètes à réaliser comme par exemple faire une démarche administrative ou la prise de contact avec une personne.

Vous ne travaillez donc pas que sur la réduction ou l’arrêt de la consommation ?

C’est un travail global. Nous explorons tous les domaines de sa vie, à travers le prisme du produit consommé. Si le fait de diminuer la consommation d’un produit lui permet de retrouver une orientation scolaire ou professionnelle, nous considérons cela comme un axe de travail intéressant. En travaillant sur ces deux aspects en même temps, le jeune peut constater les résultats concrets de ses efforts, ce qui l’encourage à persévérer dans ses objectifs. Au bout d’un certain nombre de rendez-vous, nous nous retrouvons tous les 3 pour faire un point et définir d’autres objectifs. Tout cela se fait, bien sûr, en co-construction avec le jeune qui est au centre du projet. Nous, nous nous adaptons à ses besoins.

Et si l’objectif n’est pas atteint ?

Si l’objectif n’a pas été atteint, cela veut dire que nous nous sommes trompés d’objectif. En revanche, cela ne veut pas dire que le jeune n’est pas en capacité de le faire. L’objectif n’était simplement pas le bon. Nous réajustons au fur et à mesure.

Les parents peuvent-ils être présents lors des consultations ?

Les CJC prennent également en charge l’entourage. Si l’enfant est mineur, les parents doivent obligatoirement aller voir les thérapeutes de la consultation familiale. Ils pourront leur parler de l’impact de la consommation de leur enfant sur les relations familiales. Les thérapeutes les aideront à recréer du lien et leur expliquer comment soutenir leur enfant. Bien sûr, les parents d’enfant majeur sont aussi fortement encouragés à s’impliquer même si ça n’est pas obligatoire. Nous recevons les parents mais uniquement lors d’un rendez-vous de suivi pris par le jeune. Nous ne les recevons qu’en présence de leur enfant.

Combien de temps peut durer le suivi ?

Les CJC sont censées recevoir les jeunes 4 à 5 fois pour ensuite les réorienter ailleurs. Mais en réalité, 4 ou 5 rendez-vous ne suffisent pas à régler leur problème. C’est juste le temps qu’il faut pour apprendre à se connaître et commencer à travailler sérieusement. De plus, tous les jeunes que nous recevons ainsi que leur famille, n’ont pas les moyens d’être suivis dans des cabinets privés. Nous continuons donc à les accompagner aussi longtemps que nécessaire. Nous suivons certains jeunes depuis plusieurs années. Bien sûr, nous travaillons en réseau et nous pouvons aussi les orienter vers d’autres structures ou professionnels si cela est nécessaire et s’ils le souhaitent.

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@CIDJ, Valérie François, 2023

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